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Le sens des couleurs 4-Le Vert

Le vert fait évidemment penser à la nature (espaces verts, classes vertes...), au parti écologiste, à ce qui est autorisé (feu vert) et... c'est tout? Le vert ne se résumerait qu'à ça? Cette couleur n'est pas très connue et pourtant son histoire est intrigante, et elle est la couleur de demain!


Le trèfle à 4 feuilles, le porte bonheur par excellence.


D'abord le vert est chimiquement instable, pas difficile à obtenir par différents végétaux ou minéraux mais il a longtemps été impossible à stabiliser. Les teintures issues des végétaux ternissent à la lumière, se délavent, le vert obtenu du cuivre est quant à lui corosif, un vrai poison! Lorsqu'on regarde les photos des années 60 c'est toujours le vert qui s'est volatilisé en premier, donnant aux images une teinte vintage, un autre monde peuplé d'autres couleurs.


Polaroïd des années 60, le vert s'est volatilisé.


Etant instable, elle symbolise l'instabilité, l'ambiguïté, l'entre-deux: le jeu (les tapis de cartes, de billards sont vert), le hasard, le destin, la chance (le trèfle vert)... Dès le 16ème siècle les casinos de Venise utilisent des tapis de cartes verts. L'argot des joueurs est devenu cette "langue verte".


Edvard Munch - A la table de jeu


Partout où on place, joue ou parie son argent le vert est présent. Pas étonnant que la monnaie la plus célèbre soit un billet vert! Cette couleur se retrouve sur les tables des conseils d'administration, où se décide le destin des entreprises. Egalement sur les terrains de sport, qu'ils soient naturels en pelouse verte ou artificiels comme un terrain de tennis ou de ping pong.


Le dollar américain, le billet vert.

Au fil du temps c'est la dimension négative qui l'a emporté à cause de l'ambiguïté de cette couleur qui met mal à l'aise. Elle représente aussi la malchance, l'amour infidèle, l'immaturité... Les comédiens refusent encore de jouer en vert car Molière serait mort sur scène vêtu de cette couleur. Les éditeurs ne publient pas en vert car ces livres sont supposés moins bien marcher. Les bijoutiers savent que les émeraudes se vendent moins bien car elles sont réputées porter malheur.

Le vert habille également les esprits maléfiques (démons, dragons, serpents) qui sont dans un entre-deux entre monde terrestre et au-delà.


Le vert est à la fois celui du paradis et celui du serpent tentateur... Adam et Eve - Lucas Cranach l'ancien - 1526


Cet héritage se voit chez les petits hommes verts, les extra-terrestres qui ne sont en général pas très bienveillants et qui succèdent aux démons médiévaux. Autres créatures fantastiques et même magiques, les fées et les sorcières sont revêtues d'une robe verte dans les contes du Moyen-Age. La célèbre fée clochette de Disney a toujours une robe verte.


Aliens ou martiens sont vus comme des petits hommes verts.


La notion d'entre-deux est aujourd'hui renforcée par l'idée que le vert est issu du mélange du bleu et du jaune. Mais il s'agit d'une idée récente puisque avant le 17ème siècle tout mélange était proscrit (la religion chrétienne interdit le mélange du lin et de la laine, ou les mariages mixtes par exemple) et les teinturiers très spécialisés qui fabriquaient le bleu n'avait pas le droit de fabriquer du jaune et vice-versa! Ils savaient obtenir le vert directement. Le basculement se fera au cours du 18ème siècle en mélangeant l'indigo américain, peu cher et puissant. Au passage, avant le 17ème siècle et la découverte du spectre lumineux par Newton, on ne plaçait pas le vert entre le bleu et le jaune, le classement le plus courant était celui d'Aristote : blanc, jaune, rouge, vert, bleu, noir.


Théorie des couleurs primaires soustractives (comme en peinture et en impression numérique par exemple) et additives (comme la lumière).


Par la suite, les chimistes du 18ème siècle ont imposé une théorie pseudo-scientifique sur les couleurs "primaires" (jaune, bleu, rouge) et "complémentaires" (vert, violet, orange). Cette théorie est tellement ancrée qu'elle a influencé les artistes du 19ème siècle dont certains ont décidé de ne plus pratiquer que les couleurs primaires (notamment le mouvement pointilliste). Le mouvement de design Bauhaus qui avait pour but de mettre en harmonie la couleur et la fonction des objets a cru à cette théorie et a presque exclu le vert, jugé "impur", suivi par des peintres tels Mondrian.


Piet Mondrian, mais où est passé le vert?


Ce classement des couleurs a donné une nouvelle propriété au vert : étant la couleur complémentaire du rouge, elle est devenue son opposé. A l'interdit du chiffon rouge on a opposé le vert. Vers 1800 on a créé une signalétique internationnale pour les bateaux sur ce principe, qui a été repris ensuite pour les trains et les voitures.


La signalétique verte autorise lorsque le rouge interdit.


Autre surprise, que le vert représente la nature est là aussi très récent! Avant le 18ème siècle, la nature était pensée et définie par les 4 éléments : la terre, l'air, le feu et l'eau (jaune, blanc, rouge, bleu). L'origine vient peut-être du Moyen Orient où, à l'époque de Mahomet, tout endroit verdoyant était synonyme d'oasis, de paradis. On dit aussi que le Prophète appréciait cette couleur et avait un turban et un étendard verts, elle est devenue l'emblème de l'islam. Ce qui a contribué à dévaloriser le vert aux yeux du monde chrétien durant les périodes de conflits.


Le prophète Muhammad à droite dans son habit vert - miniature turque du 15ème siècle.


En Europe les premiers à arborer une croix verte sont les apothicaires dont la pharmacopée est à base de plante. Toutefois en Italie la croix est rouge, et aujourd'hui certaines pharmacies ont remplacé le vert par le bleu pour évoquer la science plutôt que les plantes.


Aujourd'hui le vert est associé à l'écologie et la propreté (les espaces verts, les poubelles), se mettre au vert est une expression toujours employée et les logos des villes et villages en abusent. Le vert est aussi associé à la gratuité (le numéro vert), à la liberté, l'espoir, la chance, la permission, le naturel, la santé (les aliments verts sont bons pour la santé), le calme, la vigueur...

Le vert a de beaux jours devant lui, propre, écologique et bon pour la santé, il est l'avenir!


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QUI SUIS-JE ?

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Je me présente, Adèle, 27 ans.

Ici on va parler de mode, oui, mais un peu différemment de d'habitude. La mode c'est un drôle d'univers qui véhicule pas mal de clichés et d'idées reçues. On va essayer d'aller regarder ce qui se passe dans les coulisses...

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