Le sens des couleurs 3-Le Blanc
Le blanc, lorsqu'on y pense on cite la pureté de la neige, la paix, le mariage et donc la virginité, l'innocence, la sagesse des cheveux blancs... Le christianisme en a fait une couleur rituelle, qui rythme tous les sacrements de la vie : baptème, communion, mariage, mort. Ces événements sont des passages, des transfigurations et le blanc aide à les traverser.
Les communiantes vêtues de blanc.
Pourtant aujourd'hui on a du mal à le qualifier de couleur, débat moderne puisque pour nos ancêtres du paléolithique, le blanc fait partie des couleurs employées dans les grottes. En fait, jusqu'à l'invention du papier, le blanc est une couleur. On considérait alors comme incolore tout ce qui n'a pas été pigmenté ou traité : les matières brutes comme la laine, le lin, le parchemin, la roche étaient beige ou gris. C'est le papier qui a assimilé le blanc à l'absence (de couleur) et ce concept est très voyant dans notre vocabulaire : page blanche (sans texte), voie blanche (sans timbre), nuit blanche (sans sommeil), balle à blanc (sans charge), chèque en blanc (sans montant), avoir un blanc...
Carré blanc sur fond blanc - Kasimir Malévitch
Mais le blanc a aussi une dimension universelle car il représente partout la pureté. Probablement grâce à la neige qui recouvre tout uniformément d'un blanc pur et parfait. Il est rare d'avoir des couleurs aussi intenses et unies au naturel, ni le feu, ni la mer, ni une prairie verdoyante n'ont cette propriété.
Paysage blanc pur.
C'est pourquoi on se marie en blanc, mais cette tradition est relativement récente et ne date que de la fin du 18ème siècle. Auparavant la question de la virginité n'avait pas autant d'importance, c'est le christianisme qui l'a imposé vers le 13ème siècle pour une question de généalogie et d'héritage : il devenait important que les garçons soient bien les fils de leur père. Cette exigeance s'est de plus en plus crispée et la jeune fille à marier a fini par devoir prouver et afficher son exclusivité à un seul homme.
Ce blanc pur deviendra également la couleur de la Vierge après l'adoption du dogme de l'Immaculée Conception en 1854.
Ecce Ancilla Domini - Dante Gabriel Rossetti - 1850.
Le blanc dégage également une notion de propreté. Au Moyen-Age tout ce qui touchait le corps devait être blanc : la chemise, les draps, le linge de toilette... Pour des raisons d'hygiène mais aussi car on faisait bouillir ces étoffes et le blanc est la couleur la plus stable, la plus solide. Ce grand tabou valable pour nos grands parents est aujourd'hui loin derrière nous mais il reste des traces : les baignoires, les frigo sont généralement blancs, les blouses blanches...
Le blanc de l'hôpital en 1900.
Le blanc est également la couleur de la lumière. Lorsque le dieu des chrétiens devient un dieu de lumière il adopte cette couleur, ainsi que tous ses messagers. C'est pourquoi le pape se l'apropriera et que les souverains de droit divin adopteront cette couleur qui deviendra symbole de royauté. L'étendard royal est blanc et se distingue très bien de la masse colorée du reste de l'armée. Paradoxallement car dès le 14ème siècle on brandi un drapeau blanc pour demander l'arrêt des hostilités, le blanc de la trève, de la paix, s'oppose au rouge de la guerre.
Henri IV et son panache blanc à la bataille d'Arques.
Le blanc comme lumière (divine), a été confirmé par la science puisque la lumière blanche est la somme de toutes les lumières, la synthèse, celle qui les contient toutes. Des représentations de l'origine du monde empruntent à cette symbolique comme lorsqu'on évoque le big bang avec une grande lumière blanche par exemple.
Explosion du big bang.
C'est également cette symbolique qui intervient pour qualifier l'au-delà, le monde des morts, des spectres décris comme blancs depuis l'antiquité. D'ailleurs en Asie et en Afrique, le blanc est la couleur du deuil. C'était également le cas en occident jusqu'au 16ème siècle. On fait encore des "marches blanches" lorsqu'on pleure la disparition d'un enfant.
Le blanc du deuil en Asie.
Avec cette perception il est intéressant de penser à ce que l'occidental renvoie comme image étant "l'homme blanc". Dans notre symbolique occidentale on se revendique donc innocent, divin, sacré même. Mais les asiatiques perçoivent plutôt notre teint comme une évocation de la mort. En Afrique où une peau saine se doit d'être brillante, notre teint mat parait maladif...
Le blanc évoque la pureté, l'innocence, la virginité, la paix, la fraicheur, la propreté, la mort, la sagesse, la lumière.
